Par Matthieu MARIN, avec Gaëlle LUCAS.
Nuisances sonores, vitesse excessive, pollution… Les jet-skis font des vagues, et pas seulement en mer ! Le maire d’Arcachon a décidé de les interdire pour les particuliers. Dans d’autres zones littorales très fréquentées, comme à La Baule (Loire-Atlantique) ou sur l’île de Groix (Morbihan), des riverains se plaignent. Faut-il bannir cette activité de loisirs dans certains secteurs ? Le débat est ouvert.
Et si d’autres stations balnéaires françaises prenaient exemple sur Arcachon ? Là-bas, le maire LR a interdit, du 15 juin au 15 septembre, la mise à l’eau des jet-skis particuliers. L’arrêté stipule que « la présence de véhicules nautiques à moteur constitue un danger pour la sécurité des biens et des personnes ». Le 4 août 2024, un dramatique accident a d’ailleurs coûté la vie à une femme de 47 ans. Un père, ses deux filles et sa compagne faisaient une sortie sur le bassin. Les deux engins se sont percutés.
Faut-il s’inspirer de cette expérimentation ? Dans la baie de La Baule (Loire-Atlantique), le débat est aussi lancé. Interrogés sur la question, les deux maires concernés sont partagés. À l’ouest du chenal, au Pouliguen, Norbert Samama est favorable à l’interdiction de la mise à l’eau du 15 juin au 15 septembre. « Cela pose des problèmes de sécurité, d’environnement, et de bruit », affirme-t-il. Mais en face, Franck Louvrier, maire LR de La Baule, se dit « sceptique sur l’efficacité ». « Ici, beaucoup de jet-skis viennent des ports ou des plages des environs. Et si on interdit une cale, cela impacte également les autres usagers. » Il croit plutôt au développement des scooters électriques, moins bruyants. « Il faut profiter du renouvellement des flottes pour l’imposer. »
Les efforts des loueurs
À Arcachon, le tribunal administratif a confirmé la validité de l’interdiction. Cela a déclenché une manifestation d’usagers fin juillet. « On pointe les jet-skis, mais les autres bateaux font du bruit, indique Sébastien Leray, d’Aquajet à Pornichet. Nos machines sont récentes, bridées, et respectent les normes. » « À La Baule, on tente de garder une bonne image, complète Cyril Denis, l’un des responsables de Jet évasion . Des plaisanciers nous appellent régulièrement en cas de pépin, on l’oublie vite. On comprend les riverains, mais nos moniteurs sont très contrôlés, et quand un particulier loue, on passe du temps à rappeler les règles. Alors interdire aux privés, même s’il faut éviter de stigmatiser, pourquoi pas. »
« Des particuliers qui font n’importe quoi »
La polémique autour des jet-skis fait aussi des vagues dans le Morbihan. Dans ce département, également très fréquenté l’été sur les plages comme en mer, certains élus ont pris des mesures pour empêcher les embarcations motorisées d’approcher de la côte. « Les jet-skis, ça fait du bruit et ça emmerde tout le monde », résumait, lapidaire, Dominique Yvon, maire de Groix, interrogé par Ouest-France mi-juillet. Au point qu’il a mis en place un balisage par bouées au large de certaines plages. Les engins à moteur ne peuvent plus s’approcher du rivage qu’en passant par un couloir aménagé à cet effet. Un dispositif qui vise à endiguer le flot d’engins nautiques motorisés, Zodiacs, mais aussi jet ski.
« On souffre d’une mauvaise image à cause des particuliers qui font n’importe quoi », déplore de son côté le gérant d’une boutique de location de VNM, à Guidel Plages. Il évoque notamment une quinzaine de possesseurs de scooters des mers qui, l’été 2023 dans le secteur de Lorient, seraient venus faire n’importe quoi au large de Guidel.
L’existence de telles équipées est cependant réfutée par Yann Guillou, administrateur principal des Affaires maritimes dans le Morbihan : « Il n’y a pas de Hells Angels des mers », ironise-t-il. L’administrateur en profite pour relativiser l’impact des scooters des mers sur le littoral morbihannais : « C’est un sujet anecdotique ici. Une goutte d’eau, par rapport à d’autres régions comme le bassin d’Arcachon. »
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